[Séance ciné] Only God Forgives

Parce que j’ai bien aimé Drive, voire même adoré, je me suis laissé tenter par Only God Forgives, encore un film du danois (hé comme moi !) Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling à l’affiche. Ceux qui n’ont pas aimé Drive détesteront sûrement ce film mais si vous avez su ouvrir votre esprit à ce genre d’œuvres, vous risquez d’aimer un peu plus. Bien que j’ai préféré Drive (troisième fois que je mentionne le titre, ça commence à bien faire), j’ai bien apprécié ce film également et ce, sans prendre de drogues. Si si, c’est possible !

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Les gens qui crachent dessus, je leur tape dessus

Alors oui, c’est directeur assez spécial, qui fait des films assez spéciaux mais ils ne sont pas mauvais pour autant, il faut juste se mettre dedans. Drive était très silencieux mais il était plein de contenu. Ayant réalisé une bande annonce pour Drive dans le cadre de mes cours, j’ai pu décortiquer de nombreux plans pour me rendre compte à quel point Nicolas Winding Refn était doué. Only God Forgives n’y échappe pas et sans surprise, il y a de très belles images. Mais mettons d’abord le film en contexte : Julian est un américain réfugié à Bangkok, en Thaïland, après un…incident aux États-Unis. Il n’est pas impliqué dans les activités les plus légales mais il vit sa vie, avec son grand frère, à diriger un club de boxe (quelque chose comme ça). Mais lorsque son frère se fait tuer, sa vie dénuée de sens change avec l’arrivée de sa mère, qui veut venger son premier fils (elle insiste sur ce point). Un flic retraité, qui se fait appeler l’Ange de la Vengeance, est également impliqué et je vais dire que c’est une situation très tendue, puisque ses méthodes sont assez…singulières. Il n’est pas très facile d’expliquer ce scénario sans en dévoiler l’intrigue, mais bon, vous avez saisi l’essentiel… Au pire, lisez le synopsis sur Allociné, ou mieux encore, regardez-le.

Entrons dans le vif du sujet : Only God Forgives. Déjà, les crédits d’introduction sont écrit en thaï, j’ai trouvé que c’était une bonne façon de nous immerger dans l’univers du film. On est confronté la majeure partie du temps à des séquences de nuit, ce qui donne une ambiance très particulière et renforce les séquences en journée, plus rares, et leur donne une thématique…en tout cas c’est mon interprétation. Les scènes de nuit sont, quant à elles, sombres (ha c’est même pas fait exprès), et on y retrouve souvent de la violence, qu’elle soit physique ou verbale. Petite parenthèse, si vous avez le cœur léger, évitez ce film ou allez faire pipi le temps de la scène, vous saurez laquelle au moment venu - bref. Cette violence est plus rare que dans Kick-Ass 2 mais comme dans ce dernier elle ne me semble pas gratuite et reste justifiée, puisqu’elle fait avancer l’histoire (qui n’avance pas forcément très vite, je vous le concède), aussi gore soit-elle malgré la censure partielle…c’est plutôt poussé mais ça doit venir du fait qu’on cache très souvent la violence dans les films de manière globale pour ne pas choquer mais ça, le petit Nicolas il s’en fout, il fait voir la vérité en face (à condition de pouvoir voir et d’avoir une face). On aime ou on aime pas mais j’apprécie l’honnêteté du directeur. En parlant de lui, je souhaiterais mettre en avant le fait que chacun des plans qu’il fait sont absolument géniaux. C’est réfléchi, cadré de manière intelligente…tout est travaillé et c’est une véritable force. Comme pour Drive, j’ai vraiment pu admirer la qualité des séquences, j’y ai retrouvé le style qui me plaisait…un côté surréaliste, onirique…à la limite de l’excès mais c’est maîtrisé. Il y a une abondance de rouge, les couleurs sont presque trop saturées, ce qui donne une image très vivante, captivante et agressive par moments…ce qui est très adapté à l’atmosphère.

Après ce long paragraphe, je passe aux acteurs, on retiendra surtout Ryan Gosling (Julian, le protagoniste), Kristin Scott Thomas (Crystal, la mère) et Vithaya Pansringarm (Chang, le flic). Julian est très silencieux afin de ne parler que lorsque cela est nécessaire, alors que sa mère ne peut s’empêcher de l’ouvrir, ce qui oppose fortement les deux personnages, même s’il y a un lien très fort entre eux. D’une manière globale, on ne nous présente pas explicitement les personnages, on apprend à les connaître au cours du film mais on sait assez vite quel rôle chacun occupe. Je trouve ça intéressant d’aborder les personnages de manière que je qualifierai d’implicite, on ne nous dit pas tout sur eux, il y a donc de l’interprétation à faire, qui peut donc varier d’un spectateur à un autre. J’aime ne pas tout être servi sur un plateau d’argent, réfléchir un peu ça fait pas de mal de temps à autres ! Avec les quelques scènes de “rêve” du film, je me suis retrouvé à me demander si c’était la réalité ou non à quelques reprises…Inception version Bangkok ? Pas vraiment mais on pourrait se poser la question par moments. La musique accompagne le film tout en douceur et c’est une fois de plus à Cliff Martinez qu’on la doit. J’ai trouvé qu’elle collait bien aux scènes sans pour autant phagocyter toute mon attention, elle nous porte donc dans l’univers du film avec grand succès. Cela donne un tout très cohérent, esthétique et unique. Et j’ai beau faire de nombreuses allusions à Drive, Only God Forgives n’a rien à voir, si ce n’est qu’il est réussi !

Only God Forgives a réussi à me convaincre et je pense qu’il ne faut pas se laisser influencer par la presse ou les avis des autres, surtout pour un film de ce genre. Il faut se faire son propre avis mais sans oublier de se mettre dans le film, sinon vaut n’aurez pas envie de suivre et ça sera une perte de temps. J’ai adoré tout le côté propre (je ne parle pas ici de l’hygiène de certains bâtiments à Bangkok), contrôlé, esthétique et aussi le déroulement de l’histoire. Malgré la lenteur apparente, un rythme plus rapide aurait cassé la magie donc ici le compromis est très bon. Il suffit de lui laisser une chance… faites-le pour moi, c’est un film franco-danois, on y gagne tous !

En petit bonus, voici une illustration de Steelbook que j’ai réalisé pour le film dans le cadre d’un concours organisé par Empire - le jury n’est autre que Nicolas Winding Refn himself ! On croise les doigts. :) EDIT : Spoiler alert, j’ai perdu !

Ma participation a uconcours de design de Steelbook pour le film, avec une illustration de dragon.

Divinement vôtre,
À plus !