[Test] Ghost of Yōtei

Après le grand succès de Ghost of Tsushima , une suite n’était pas une grande surprise. Nous avons droit à une nouvelle histoire, à une nouvelle époque, avec une nouvelle protagoniste, dans une nouvelle région — de quoi garder les choses intéressantes ! Ghost of Yōtei nous replonge dans ce monde si particulier des samouraïs, et c’est avec plaisir que je m’y suis relancé. Équipez votre plus beau katana, nous allons reprendre la main sur la région d’Ezo !

Un animé d‘un samouraï qui range dramatiquement son katana dans son étui avant qu’un groupe d’oiseaux ne volent partout autour de lui.
L’art du katana

Notre protagoniste, Atsu, a quitté sa région natale d’Ezo, suite au massacre de sa famille, où elle fût laissée pour morte, seize ans auparavant, par le Seigneur Saïto et ses cinq commandants. Elle y retourne désormais, plus déterminée que jamais, pour retrouver les responsables et enfin donner à sa famille la justice qu’elle mérite. Ce ne sera pas une quête facile, cependant, puisque les hommes de Saïto sont répartis autour de la région, et sont toujours avec tout un bataillon. Elle va devoir explorer Ezo pour trouver ses cibles, tout en aidant la population locale, sous le joug des troupes de Saïto et ses commandants, pour bénéficier de leur précieuse aide et enfin trouver la paix qu’elle cherche depuis si longtemps…

Un matin brumeux où le soleil essaie de percer les nuages. Un garde se tient devant une large entrée barricadée pour un village envahi.

Après une enfance relativement paisible et formatrice, Atsu perd tout, et le jeu nous le communique sans mâcher ses mots. Les premières minutes sont chargées et suffisent amplement à nous motiver pour l’aventure qui nous attend. Il y a moins de temps mort comparé à Ghost of Tsushima , et nous sommes vite mis aux commandes de notre protagoniste, qui ne s’arrêtera pas tant qu’elle a de la vengeance à distribuer. Le système de quêtes du jeu nous pousse dans la bonne direction pour avancer l’histoire, mais sans nous forcer la main. Cependant, j’ai trouvé que, naturellement, la curiosité du joueur finit par affecter le chemin d’Atsu malgré tout, vers ses cibles. Elle ne se laisse pas faire, tranchante tant avec ses mots que son katana, mais sait aussi faire preuve de beaucoup de compassion et sensibilité pour les habitants, et a un excellent sens du sarcasme (contrairement à Jin Sakai de Tsushima qui, de souvenir, était plus naïf).

Atsu traverse une plage de nuit à cheval. La lune brille derrière les nuauges, et au premier plan, des flèches plantées dans le sable.

Jouant en japonais (et texte en anglais), la performance de Atsu est très variée, et les émotions dans sa voix sont claires. Ceci est tout aussi vrai pour le reste des personnages principaux de cette aventure, en tout cas en japonais, que je ne peux que recommander pour une expérience plus authentique. À l’instar de Jin, la vie de Atsu est pour le moins que l’on puisse dire orageuse, et nous ressentons ses émois tout au long de l’aventure. La famille et l’honneur sont au centre de la narration et guident notre héroïne, rendant cette histoire très touchante. Les alliés qu’elle rencontre sont variés et intéressants, ayant une histoire (au moins pour les personnages principaux) qui donne envie de poursuivre la narration à leurs côtés. J’ai véritablement été absorbé par cette histoire de vengeance, très sincère et brutale. Même le grand méchant est plein de charisme donc notre attention est toujours captivée.

Contre-plongée sur Atsu qui se tient sur un petite plateau rocheux, équipée d’une imposante armure et plus imposant encore est son casque avec des cornes.

Pour ce qui est du gameplay, cela reste très familier : je trouve que tout ce qui marchait dans Ghost of Tsushima  est de retour, et amélioré quand nécessaire. L’exploration est encouragée et nous découvrons le monde d’une manière qui m’a semblée plus naturelle — j’ai trouvé de nombreuses quêtes par hasard, juste en voulant voir qu’est-ce qu’était un truc au loin. Il y a aussi des ajouts en terme d’arsenal, qui se diversifie, puisque le jeu se déroule quelques siècles plus tard : des armes à feu (pas de minigun hein, juste un mousquet qu’il faut recharger entre chaque tir, avec de la poudre à canon, tout ça… on reste ancré dans la réalité !). Cela ajoute un peu de variété aux combats (en plus des autres armes comme un odachi qui fait bien mal), qui sont bien coriaces pour moi en mode normal car je suis mauvais avec les parades (le boss final m’a donné énormément de fil à retordre). J’ai donc équipé tout ce que j’ai pu qui agrandit la durée pendant laquelle nous pouvons faire des parades ; ça aide mais je reste diablement mauvais, et j’aurais aimé que le jeu nous apprenne mieux ces bases (le gameplay a des niveaux de difficulté mais peut aussi être personnalisé pour chaque aspect — j’aime bien jouer en normal quand je peux, donc pas top de devoir réduire la difficulté pour pas trop galérer…).

Atsu en plein duel avec un adversaire sous un arbre au feuillage écarlate tandis que le soleil se couche au loin.

J’ai aussi découvert bien trop tard l’option pour verrouiller nos ennemis pour éviter que la caméra voyage sans nous montrer notre adversaire, mais sachez que c’est possible ! En dehors des combats, les déplacements sont fluides et Atsu est toute aussi agile en parkour qu’en escalade (en passant par du grappin !), et traverser les paysages japonais à dos de cheval est un régal. En parlant d’animaux, les renards sont de retour et mignons comme tout, et il y a même une louve qui apparaît par moments aux côtés de Atsu (sous réserve d’avoir un saumon à lui donner !) qui se révèle être une combattante très efficace. Et pour les gens comme moi : oui, la furtivité est toujours au rendez-vous et c’est un malin plaisir de débarrasser tout un camp ennemi sans alerter qui que ce soit !

Atsu est dans une petite clarière en pleine nuit, avec une lune resplandissante dans le ciel.

La faune et la flore sont resplendissantes et la tentation de s’arrêter toutes les 5 secondes pour se mettre en mode photo est forte. Il y a tellement une vaste diversité dans les couleurs à Ezo, que nos rétines sont constamment gâtées. Comme à Tsushima, tout est une poésie : les chevaux sauvages traversant la plaine, les oiseaux occupant le ciel du Mont Yotei, les arbres aux milles couleurs… tout est vraiment magnifique. Atsu est également une artiste en herbe et peindra certaines scènes inspirantes (remplaçant la composition de haïku avec Jin), que nous devons tracer avec le pavé tactile de notre manette. Je me répète mais le mode photo est vraiment apprécié ! Pour être plus technique, il y a beaucoup à aimer : des jeux de lumière aux effets de particule, en passant par la météo dynamique, tout est réfléchi — au choix en mode performance ou graphique. J’aurais aimé que les personnages marchant sur des escaliers ne “glissent” pas en 2025 mais le gallop de notre cheval est en revanche très quali  donc je pardonne. Ah et le jeu, une fois lancé dans le menu PS5, nous transporte directement aux commandes de Atsu en quelques secondes : pas de menu ! (sauf au premier lancement)

La protagoniste est sur un terrain neigeux, en haut d’une montage, et admire la région de loin.

Il y a également un aspect musical à déguster, car notre protagoniste joue du Shamisen, un instrument à 3 cordes qui nous transporte directement au Japon (enfin c’est basé sur un instrument chinois donc… en Asie, pour être plus juste) et permettant non seulement de se détendre mais aussi de nous guider vers des objectifs secondaires (camps à libérer, sources thermales pour augmenter notre santé, etc.). La musique est aussi au premier plan dans de nombreux moments et pardi, c’est joli et va si bien avec les magnifiques plans du jeu. Les voix japonaises font toute la différence, je recommande chaudement ! J’aimerais souligner la mise en vedette du peuple Aïnu, notamment dans une région au milieu de l’histoire qui fait une belle coupure narrative pour se reposer un peu, car nous voyons un autre aspect de la culture japonaise qui m’était jusque là inconnu, et c’est assez prenant de les découvrir un peu plus en détails.

Atsu se tient devant une cascade tandis que la lumière du jour se retire, offrant des couleurs dorées sur l’eau et ses alentours.

Ghost of Yōtei ne réinvente pas le gameplay de Tsushima mais améliore ce qui en avait besoin, étoffe notre arsenal et nous donne toute une région à découvrir, à notre rythme, dans le moindre recoin que nous voulons (surtout s’il y a un renard pas loin !). Le jeu est magnifique tout autant visuellement que poétiquement et c’est peut-être juste que je ne suis pas de cette culture mais c’est absolument fascinant. L’histoire de Atsu est vraiment poignante et je félicite l’actrice qui a su transmettre toutes les émotions de la protagoniste si justement à travers chaque ligne de dialogue. C’est tout un mythe que nous jouons, et il est dramatique, plein de renversements mais aussi de moments d’espoir et de légèreté, montrant qu’une guerrière comme elle peut garder un côté humain, et protéger ceux qui ne sont pas capable de le faire pour eux-mêmes. Bref, ceci est une suite que je trouve réussie car elle nous donne ce qui est attendu, mais bien des surprises également, et qui mérite donc le détour pour tou·te·s les fans de Jin Sakai, ou simplement d’histoires de samouraïs.

Nipponnement vôtre,
À plus !