[Test] Murdered : Soul Suspect

Un jeu qui s’est fait assez discret, Murdered : Soul Suspect propose pourtant un concept qui peut se révéler être intéressant, à condition que l’exécution soit réussie. J’ai été assez intrigué par ce jeu dès son annonce, avec son ambiance noire et surnaturelle. Le manque de communication autour du jeu est-il un signe que Murdered ne vaille pas la peine ? Voyons voir…

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Je vais vous révéler mon secret…

On incarne Ronan O’Connor, un détective de police de la ville de Salem au passé difficile (tant la ville que le protagoniste). Lors d’une enquête sur le “Bell Killer”, un mystérieux tueur en série, ce dernier attaque et assassine à Ronan. Mort, il se retrouve dans le purgatoire, la “Pénombre”, à errer sans relâche. Afin de reposer en paix, Ronan doit enquêter sur sa propre mort, retrouver son assassin et dévoiler l’histoire derrière les meurtres.

Commençons par le scénario de Murdered, qui a l’intérêt d’être relativement inédit (Sixième Sens commence à se faire vieux, après tout). Enquêter sur sa propre mort est une idée quelque peu originale, et quelle chance, Ronan était détective ! C’est une chasse aux indices aux endroits clés qui va permettre de dévoiler peu à peu des informations sur le tueur en série ainsi que ses victimes. En explorant les lieux ainsi que les rues de Salem, on peut découvrir des documents, des lettres ou des livres qui nous donnent des informations complémentaires sur l’histoire de la ville ainsi que les personnages du jeu. Ceci permet d’approfondir notre compréhension de l’univers, et à vrai dire, c’est assez fascinant, bien que certaines histoires soient parfois… macabres.

Au niveau des personnages, on a un panel plutôt large, bien que peuplé de clichés, à mon goût. Peut-être que cela vient du fait que le studio de développement, Airtight Games, était composé de nombreux japonais, et en voulant faire un jeu à l’Occidentale, ils sont tombés dans les stéréotypes… Avec les divers objets à collectionner, on en apprend plus sur ces personnages, à condition d’avoir la patience de lire (ce qui reste plus rapide que les blocs de texte narrés), mais ça en vaut la peine. Du coup, si l’on fait le jeu sans récolter quelconque objet, les persos peuvent paraître un peu trop lisses… C’est dommage que ce ne soit pas directement intégré à l’intrigue puisque c’est finalement assez fourni en informations !

Intéressons-nous au gameplay, à présent. Puisque Ronan est mort, il ne peut pas grandement interagir avec le monde vivant, mis à part déclencher des petits Poltergeists afin de distraire quelqu’un, par exemple. Je dois dire que ça fait du bien de jouer à un jeu démuni d’armes à feu, pour une fois… Murdered se déroule dans les rues de Salem et quelques uns de ses bâtiments, et chaque lieu regorge des objets que j’ai déjà mentionnés précédemment, mais aussi d’autres esprits qui errent. Le joueur peut décider de les aider en menant l’enquête sur leur mort et leur offrir une explication, afin qu’ils puissent enfin reposer en paix - rien d’obligatoire, mais étant donné que Ronan est détective, autant aider ces pauvres âmes. On peut passer à travers certains murs (à condition qu’ils n’aient pas été “sacrés”) ou encore posséder les vivants pour écouter leurs pensées (ou contrôler des chats !). Bien sûr, il y a aussi des démons, que l’on peut éliminer si l’on s’y prend correctement - rien de bien méchant, un petit QTE et vade retro !

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Pour les enquêtes, principales ou annexes, on explore le lieu à la recherche d’indices qui permettent d’obtenir des réponses… et de nouvelles questions également. On doit ensuite résoudre cette partie de l’enquête en recollant les morceaux afin de savoir ce qu’il s’est passé, et découvrir où il faut aller ensuite. On peut interroger d’autres fantômes mais ce n’est pas la mécanique de L.A. Noire non plus, le but est juste de poser toutes les questions proposées afin d’avancer notre investigation. Cela dit, chaque élément d’enquête est noté de 1 à 3 badges : si on ne connecte pas les informations correctement, on perd un badge, puis un deuxième et on se retrouve à 1 sur 3 définitivement, mais cela n’a aucune incidence quelle qu’elle soit, donc pas d’inquiétude. On avance donc d’une manière assez linéaire, mais on assemble le puzzle au fur et à mesure, doucement mais sûrement - un point appréciable.

Alors, graphiquement, le jeu pêche un peu, mais étant un jeu cross-gen, je veux bien pardonner ça. Murdered n’est pas moche, et il faut admettre que les lieux sont complets, développés et avec une atmosphère propre à chaque endroit. Par contre, les personnages ne sont pas aussi beaux (les cils sont une grande bande noire - aïe !). Statiques, pas de souci : la lumière n’est pas parfaite mais c’est tout de même détaillé (par contre, les personnages secondaires sont souvent des clones), mais dès qu’on les voit animés… Les expressions faciales sont limitées, peu convaincantes, et assez hachées ; il en va de même pour les mouvements du corps. Disons que ça reste acceptable, mais à l’ère de la motion capture, c’est regrettable. La musique, quant à elle, s’est faite assez discrète, mais correspond bien au ton du jeu.

Murdered : Soul Suspect n’est pas le jeu de l’année, mais c’est loin d’être une catastrophe, et représente un bon petit jeu avec de bonnes idées, une histoire plutôt simple mais bien ficelée et une identité sombre et sinistre. L’enquête se fait de manière lente et réfléchie, ce qui est une bonne chose, et si l’on se penche sur tout ce qu’il y a à faire, on se retrouve devant une petite dizaine d’heures de jeu. En le refaisant une deuxième fois, on peut effectuer une relecture du scénario, mais à part cela, la replay-value n’est malheureusement pas très forte. Le studio Airtight Games ayant fermé un mois après le lancement de ce jeu, peut-être que les développeurs manquaient un peu de motivation pour peaufiner le jeu à fond, donc je suis assez indulgent. Attendez peut-être une promo ou une baisse de prix pour acheter Murdered, mais en tout cas c’est un jeu sympa que je suis content de ne pas avoir loupé (Comme “loupe”, comme un détective ! Haha ! Non ? Bon…).

Détectivement vôtre,
À plus !