[Test] Alan Wake II

L’horreur et moi, nous ne nous côtoyons peu. Cela dit, avec Remedy, j’adorais déjà Max Payne , puis récemment Control  m’a juste cloué, alors j’ai tenté Alan Wake Remastered  et j’ai beaucoup aimé ! Je suis donc d’attaque pour voir la suite de l’aventure, avec Alan Wake II. Mettez des batteries bien chargées dans votre lampe-torche, il est temps d’élucider ces mystères à Bright Falls !

Scooby-Doo et ses amis ouvrent la porte d'une maison et s'enfuient dehors, tandis qu'un nuage de chauve-souris les poursuit.
J'ai eu un peu peur parfois !

Treize ans après les événements de Alan Wake, nous nous retrouvons dans la peau de Saga Anderson, une agent du FBI, envoyée avec son collègue Alex Casey, à Bright Falls, pour enquêter une série de meurtres sordides. À peine arrivés, un nouveau meurtre prend lieu et ils se retrouvent alors pris dans un mystère occulte et paranormal, le tueur semblant les narguer mais aussi les guider. Saga ne recule devant rien et est déterminée à mettre en lumière ce qu’il se passe vraiment dans ce petit village parmi les grands arbres de l’état de Washington…

Saga regarde un très grand arbre sinistre, dans une brume épaisse.

L’histoire de cette suite est pleine de surprises — après tout, il faut la voir comme un roman qui laisse son lecteur en suspens tout du long ! Alors, oui, pour commencer, le jeu s’appelle Alan Wake  mais notre protagoniste est Saga Anderson. Pas d’inquiétude : tout est lié et nous alternons le contrôle entre les deux personnages. Tandis que Alan est coincé dans un cauchemar, à la recherche d’une sortie, Saga cherche à comprendre ce qu’il se passe, assemblant le puzzle, petit à petit. J’ai beaucoup aimé ces deux fils narratifs (au début, j’aurais préféré ne pas avoir le choix — avoir un jeu linéaire me semblait plus approprié — mais finalement ça marche bien) qui racontent une seule et même histoire, de deux points de vue différents. L’ensemble est cohérent, fonctionne bien et reste intéressant tout du long ; je reste malgré tout sur ma faim lorsque les crédits démarrent, mais un mode New Game Plus  ajoute quelques détails pour mieux boucler l’histoire. Je noterai aussi que le cross-over  avec le jeu Control  était déjà assumé dans le DLC AWE de ce dernier mais fait maintenant partie intégrale de l’univers Alan Wake — pleinement détaillé, j’adore ! (et avec le DLC, nommé The Lake House qui plonge dans le monde du FBC, la boucle est bouclée !)

Alan est dans la rue, revolver en main, dans une ville sans vie, mis à part des néons et poteaux lumineux.

Saga est un personnage fort et intelligent, qui mène cette enquête de manière logique, utilisant son “Mind Place” (un lieu mental) pour visualiser et connecter les indices, ainsi que faire appel à son intuition. Elle est très motivée et s’investit pleinement dans ce mystère, acceptant (trop vite ?) le côté paranormal. Elle est douée (mais effectue une autopsie sans gants ?!) et son collègue, l’agent Casey, la laisse prendre les devants sans hésiter. Ce dernier est un personnage intéressant, un stéréotype du détective blasé, sans doute calqué sur Max Payne (le même acteur leur prête sa voix). Il est là en soutien, autant niveau professionnel que niveau narratif pour le jeu et apporte aussi quelques touches d’humour bien sec. Alan Wake est quant à lui très prolixe, racontant son histoire, la découvrant avec nous et doutant ce qu’il se passe, doutant ce cauchemar dans lequel il n’a pas d’autres choix que de plonger. Les séquences avec Alan sont généralement plus narratives en soi mais aussi plus dérangées, ce qui se ressent avec son comportement et sa façon d’écrire qui est parfois décousue. Il y a de nombreux autres personnages très intrigants (tels qu’un certain concierge) mais je ne veux rien gâcher.

À part une légère silhouette et une lampe-torche, on ne voit rien d'autre que quelques branches, de la pluie, et un sol inondé.

Remedy sont doués pour l’aspect visuel et leur moteur graphique, Northlight, proposant un magnifique rendu. Les jeux de lumière et d’ombre sont nombreux, faisant partie de la thématique même du jeu, les transformant en personnages à part entière. L’ambiance est forte et est ressentie de partout, avec un beau travail sur les détails et l’éclairage. La forêt autour de Bright Falls est splendide, ne laissant que quelques rayons de soleil ambrés se faufiler entre ses arbres gigantesques, présentant de belles opportunités pour s’amuser avec le mode photo. Les personnages sont quant à eux vivants et expressifs (malgré quelques visages rigides) avec des dialogues qui renforcent encore et toujours notre curiosité. Étant directement modelés d’après leurs acteurs et actrices, Remedy a décidé d’enregistrer un bon nombre de séquences en prise de vue réelle qui s’intègrent au jeu (cinématiques et superposition de plans) — par moments, la transition réel/jeu est difficile à détecter, jouant presque des tours sur nos yeux, car graphiquement, le niveau est élevé. (non sans rappeler l’excellent The Last of Us autant dans les décors que l’interface)

Alan se tient sur une plate-forme devant des rames de métro. Une est sombre, l'autre est pleinement éclairée, semblant être un lieu sûr.

Alan Wake II contient énormément de musiques et ceci fait plaisir à mon cœur de mélomane. Chaque chapitre se termine par un morceau approprié et les styles varient surprenamment — bien que nous avons moyen de sauter ceci, c’était un délice d’écouter chaque piste avant de se lancer dans le chapitre suivant. Non seulement ça mais au cours de l’histoire aussi, la musique a sa propre place, notamment un chapitre très rock’n’roll avec Alan (si vous avez aimé le passage du labyrinthe dans Control , ceci vous plaira aussi !), un régal, illustrant comment Remedy fait attention aux détails et assure que tous les aspects artistiques de leur jeu est satisfaisant. J’aimerais aussi noter le côté non-musical avec les effets sonores vifs et impactants, tel que, par exemple, le bruit lourd que font les chaussures de Saga quand elle saute d’un rebord, ou encore les sons satisfaisants d’un fusil à pompe.

Alan Wake avance dans un couloir très sombre, et calqué par-dessus cette vue, une autre silhouette est visible, comme si projettée sur notre jeu.

Au niveau du gameplay, le jeu est accessible bien que certaines choses peuvent frustrer : par exemple, je me suis retrouvé à m’acharner sur le bouton pour recharger mon arme à de nombreuses reprises, et mon personnage ne faisait rien : game over . Des options nous permettent de rendre notre protagoniste invincible, d’avoir des munitions illimitées, ou encore de tuer nos ennemis en un coup — pratique quand on se retrouve un peu coincé — mais aussi pour réduire les “jumpscares” si souhaité. Les gens possédés apparaissent aléatoirement par moment mais après un game over, le jeu ne les fait pas réapparaître — une aubaine. En plus des combats qui nécessitent d’utiliser notre lampe-torche pour affaiblir nos ennemis (ou d’autres artifices plus… explosifs), nous avons une sélection d’armes : pistolet, fusil à canon scié, fusil de chasse, arbalète… Je trouve que le jeu reste “réaliste” dans le sens où nous n’avons pas des centaines de munitions et sommes souvent, au contraire, avec une arme vide. Certes, trouver des balles dans un tiroir d’hôpital est moins réaliste mais j’étais content de les avoir pour ne pas périr. Les combats sont d’ailleurs parfois un peu trop présents et cassent le rythme, devenant lassants (parfois je coursais pour éviter). L’exploration est optionnelle mais récompensée autant en ressources qu’en connaissances : nous pouvons améliorer nos armes, trouver des documents, résoudre des énigmes (souvent amusantes, il y a même quelques équations à poser… je sais que je sonne comme un psychopathe mais j’ai beaucoup aimé ces défis-là !) pour ouvrir des caisses pleines de bonus, ou encore composer des “scènes” basées sur des comptines pour débloquer des petites décorations pour le bracelet de Saga, lui octroyant quelques avantages.

Saga tient une arbalète et regarde un coucher de soleil orangé entre les grands arbres de la forêt.

Alan Wake II est une suite qui améliore en tout point l’œuvre de base, avec une histoire plus sombre, plus mature, et un univers encore plus effrayant — Remedy a clairement mûri entre 13 ans. Alterner entre deux protagonistes fonctionne bien pour raconter un récit plus complet et offrir un jeu plus varié. Le côté esthétique est de haute qualité, même en mode performance sur PS5, et donne envie de faire une petite randonnée autour de Bright Falls (mais sans les monstres, merci !), non sans rappeler Twin Peaks . C'est rare pour moi, mais j'ai survécu à un jeu d'horreur et  j'ai passé un bon moment ! Et si ça ne suffisait pas, avec deux contenus téléchargeables pour explorer encore plus le macrocosme Alan Wake, nous sommes régalé·e·s, et personnellement, je suis très chauffé pour la suite de Control 

Parafictionnellement vôtre,
À plus !

Une pensée pour James McCaffrey, la voix légendaire de Max Payne et dans ce jeu, de Alex Casey, qui est malheureusement décédé d’un cancer fin 2023 — c’est une perte d’un immense talent…