[Test] Assassin’s Creed Syndicate

Comme chaque année depuis quelques temps déjà, la fameuse saga revient pour nous présenter cette fois-ci Assassin’s Creed Syndicate. Prématurément dévoilé à travers une vidéo fuitée, cela fait un petit bout de temps qu’on attendait ce jeu, et qu’on espérait qu’il redore un peu l’image suite aux soucis de son prédécesseur, AC Unity. Mettez du charbon dans la locomotive, on va voir ce que nous réserve Londres !

sherlock_wink
Ça va dans le bon sens tout ça !

Après la Révolution française dans Unity, nous sommes ici plongés dans la fin de la révolution industrielle, à Londres en 1868. Et, pour une fois, ce n’est pas un mais bien deux protagonistes que nous incarnons, les jumeaux Evie et Jacob Frye. Assassins comme leurs parents l’étaient, ils se rendent à Londres où la Confrérie est au plus bas, et où les Templiers ont progressivement pris le contrôle de la ville. Alors que Evie tente de trouver une Pièce d’Eden, un artefact des Précurseurs, avant ses ennemis, Jacob tente de rallier les criminels de la ville à son nouveau gang, les Rooks, pour réduire l’influence des Templiers.

La grosse nouveauté de cet épisode est le fait d’avoir plusieurs personnages jouables, à l’instar de GTA V, mais avec la particularité que ce sont des jumeaux. Jacob est un homme impétueux qui ne réfléchit pas aux conséquences de certains actes ; il est insubordonné, comme la plupart des précédents héros dans Assassin’s Creed, finalement. Evie, en revanche, est bien plus responsable, et apporte un vent de douceur sur le duo, avec sa discrétion et son sérieux, ce qui fait d’elle un personnage aux antipodes de son frère. Cette dynamique donne bien de la personnalité aux personnages, et les rend bien plus mémorables (contrairement à Arno et Élise, à mon sens). Henry Green, un personnage secondaire et Assassin de Londres, bien qu’en arrière-plan, a aussi une certaine importance, et contraste les deux jumeaux de plus belle.

On retrouve l’équipe des Assassins dans les temps modernes, avec Bishop, Rebecca et Shaun, à la recherche de la Pièce d’Eden à Londres, tout comme c’était le cas en 1868, et c’est par le biais de notre “Initié” qu’on explore le passé pour trouver l’objet tant convoité. Ceci reste très peu mis en avant (via des cinématiques ou extraits audio uniquement, donc sans gameplay), le côté moderne de l’histoire ayant largement été mis de côté comparé aux anciens jeux, et le véritable coup de projecteur sur cette période ne se situe qu’à la fin de l’aventure. Celle-ci reste concentrée sur l’époque victorienne en compagnie des Frye, et bien qu’il y ait des choses intéressantes à voir, l’histoire se résume à tuer des Templiers. En soi, c’est l’essence de la saga, vous me direz, mais il y a un manque de profondeur pour nuancer tout cela. Les quêtes annexes apportent par moments de bonnes distractions mais contribuent peu à l’enjeu global. Cela étant dit, j’étais bien plus immergé dans le scénario que AC Unity (désolé de les comparer tant), car il m’a paru plus clair, moins confus, et plus simple à suivre, surtout avec les personnages qui sont récurrents, comme le policier Frederick Abberline, qui apporte quelques touches d’humour, et il est donc plus facile de s’attacher à eux.

assassincrade

Le niveau graphique n’a pas baissé depuis le dernier opus, et le moteur AnvilNext est assez impressionnant sur PS4. J’ai remarqué quelques petites saccades et retards de chargement de texture, ainsi que un ou deux PNJ qui surgissent de nulle part, mais globalement, c’est propre. Les surfaces sont détaillées, les lumières sont belles, et la ville est vivante avec tout type de personnages. Jacob est le plus réussi à mon sens, avec une motion capture aboutie, et il en est de même pour Evie même si certains de ses sourires semblaient un peu mal proportionnés, mais passons. La synchronisation labiale est parfois un peu aléatoire, mais les personnages importants disposent d’expressions faciales fidèles, ce qui est ma foi très agréable à voir. Les animations sont généralement justes, même si nos protagonistes semblent être dotés d’une vitesse super-humaine. Ce sont les gènes d’Assassins, sûrement ! Londres est d’ailleurs un beau terrain de jeu, varié et pas trop vaste, même si on retrouve fatalement des similarités avec le volet parisien (locomotives et carrosses en sus). Même si Big Ben n’est qu’en arrière-plan, c’est sympa à escalader. D’ailleurs, quand on atteint un point de synchronisation, on a le droit à de très belles musiques, merci Austin Wintory (compositeur sur Journey également). C’est vraiment quand on est tout là haut qu’on en profite, mais le reste du jeu n’est pas muet, au contraire, on a le droit à de nombreuses musiques qui correspondent (dans l’inconscient collectif en tout cas) à l’époque de la Reine Victoria.

Une nouveauté de ce volet est le grappin, qui est clairement à la mode ces derniers temps (Batman, Tomb Raider, Uncharted 4, et sûrement d’autres), et avec les larges rues de la capitale anglaise, c’est certainement un bon outil pour aller de toit en toit. Cependant, on se retrouve vite à en abuser, pour ne plus rien escalader comme au bon vieux temps, et tout simplement se rendre quasi-instantanément en haut d’un bâtiment, ce qui enlève un peu du charme au gameplay, même si, cela reste pratique. Le combat a été amélioré mais simplifié également (bien qu’un système de combo permette des exécutions plus violentes), il y a donc moins de possibilités mais le corps-à-corps est plus fluide. Cette fois, je ne me suis pas pris de frustration, et il a simplement fallu apprendre à parer les coups pour tenir tête aux ennemis. L’autre nouveauté est la présence de carrosses dans les rues londoniennes, qui peuvent bien entendus être volés, afin de vous déplacer plus rapidement au sein de la ville. Ces carrosses sont des tanks, et s’avèrent être assez rigides à contrôler, ce qui rend les collisions avec d’autres véhicules assez fréquentes. J’ai apprécié le retour du sifflement, ainsi que la possibilité de déplacer (à souhaits) les corps inconscients ou sans vie de nos ennemis ; c’est tout de même essentiel pour un Assassin qui veut faire du travail propre et discret. Les membres de notre gang, eux, nous prêtent une main forte ou font office de distraction afin de mener à bien nos objectifs, ce qui est une tournure bien pensée du système de confrérie, finalement. Tout comme son gang, Jacob est du genre à se battre, ce qui est reflété dans le gameplay et mis en avant dans l’arbre de compétences. Evie, elle, a une approche bien plus discrète et intelligente, tentant de causer le moins de vagues possibles. Étant friand d’infiltration, j’ai joué avec la sœur bien plus souvent, les assassinats étant la partie que j’aime le plus (mais vous pouvez tout aussi bien être furtif avec Jacob et rentrer dans le tas avec Evie), et j’ai trouvé son personnage plus intéressant, sûrement (du moins, en partie) parce qu’elle est différente de ce qu’on a pu voir jusqu’ici dans la saga.

En gros, Assassin’s Creed Syndicate a réussi, à mes yeux, à rehausser l’image de la saga, essoufflée, qui avait perdu un peu de sa superbe. Bien que la séquence dans le présent n’est qu’une toile de fond narrative, on est sur la bonne voie en termes d’expérience ludique. Si les rumeurs d’une année sabbatique pour la licence sont avérées, je ne peux qu’espérer un grand retour en 2017 avec des idées nouvelles et un scénario plus approfondi (et retrouver un fil cohérent avec cette méta-histoire serait la cerise sur le gâteau), ainsi qu’un gameplay encore plus soigné. L’absence de mode co-opératif (présent dans Unity ) est regrettable mais avec une durée de vie principale raisonnable, des quêtes annexes diverses (bien qu’un peu répétitives à la longue) et un univers dans lequel on a envie de se plonger, je peux vous recommander Assassin’s Creed Syndicate. J’aurais aimé conduire une locomotive, je me contenterai du carrosse pour le moment.

Industriellement vôtre,
À plus !